Alors que les Soviétiques aimaient les chiens et que les Américains préféraient les rats ou les singes, les Français ont été les seuls à tenter d’envoyer des chats dans l’espace.
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Bien qu’ils étaient très en retard par rapport aux Soviétiques et aux Américains dans la course à l’espace, la France était déterminée à devenir également une nation spatiale.
Ils ont commencé à construire une nouvelle génération de fusées peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, et au début des années 1950, ils ont testé un modèle appelé Véronique : une fusée-sonde qui monterait brièvement dans l’espace avant de retomber en chute libre sur Terre sans entrer en orbite.
Les premiers lancements ont eu lieu depuis une base dans le haut désert du Sahara, alors colonie française d’Algérie. Le 22 février 1961, la France est devenue le troisième pays à envoyer un animal dans l’espace : un rat nommé Hector, qui a volé à bord d’une fusée Véronique lors d’un bref vol suborbital.
Mais les Français avaient de plus grandes ambitions. Ils cherchaient un autre petit mammifère à envoyer dans l’espace, plus gros qu’un rat mais suffisamment petit et léger pour voyager dans la pointe étroite d’une fusée Véronique.
Bien que des lapins ou de petits chiens auraient pu convenir, il y avait une raison importante de choisir des chats : à l’époque, ils étaient largement utilisés en France pour des expériences neurophysiologiques, examinant le fonctionnement du cerveau et du système nerveux.
Il fallait une contention pour l’animal, des instruments pour mesurer et transmettre des données sur son état physique, une cartouche pour absorber le dioxyde de carbone qu’il expirait, des transpondeurs, des balises et des parachutes.
Au milieu de l’année 1963, le Centre français de recherche aéromédicale, le Cerma, a sélectionné 14 chats pour l’école de vol : tous des femelles, achetées chez un revendeur et recommandées pour leur tempérament calme.
Ils ont été formés pendant environ deux mois, pratiquant de rester assis dans un conteneur pendant des heures, tournant dans une centrifugeuse et supportant le bruit assourdissant du moteur. Au début d’octobre, les chats qui semblaient le mieux tolérer ont été emmenés en Algérie pour se préparer au lancement.
Après plusieurs jours de préparatifs, une petite chatte noire et blanche identifiée comme C341 a été choisie pour devenir le premier chat du monde dans l’espace. Vers 8 heures du matin le 18 octobre 1963, la chatte C341 a décollé à bord d’une fusée Véronique.
Des électrodes implantées chirurgicalement dans son crâne mesuraient son activité cérébrale. Des sondes mesuraient son rythme cardiaque, un dispositif relié à sa patte envoyait un faible courant électrique à ses muscles pour tester ses réponses, et un microphone enregistrait les sons qu’elle émettait.
S’élevant à 157 kilomètres au-dessus de la Terre, la pointe du nez s’est séparée comme prévu du reste de la fusée. Ensuite, elle est tombée de plus en plus vite, basculant et roulant en réentrant dans l’atmosphère de la Terre. C’était la phase que la chatte détestait le plus, comme en témoignait son rythme cardiaque accéléré.
Le parachute s’est ouvert et a poussé la capsule dans une descente lente. Dix minutes et demi plus tard, la chatte était de retour sur terre, à seulement quelques kilomètres de l’endroit où elle avait été lancée. Un hélicoptère est venu récupérer la capsule et sa passagère, qui était choquée mais en vie.
Les deux mois suivants ont été consacrés à des tests sur la chatte. Son exposition à l’espace avait-elle affecté son comportement, ses muscles, son système nerveux ? Finalement, les chercheurs se sont tournés vers son cerveau, et à l’époque, il n’y avait qu’une façon de l’examiner.
“Ils l’ont sacrifiée pour qu’ils puissent observer les zones de son cerveau, en particulier autour des endroits où se trouvaient les électrodes, pour voir si elles avaient causé des problèmes”, a expliqué Kerrie Dougherty, historienne spatiale qui enseigne à l’Université internationale de l’espace, sur le site de RFI.
“Il s’est avéré qu’il n’y en avait apparemment aucun. Alors elle aurait probablement pu continuer à vivre heureuse pendant un certain temps. Mais c’est l’une de ces choses : à l’époque, ils ne le savaient pas avant de l’avoir fait”, a-t-elle ajouté.
En 2019, Félicette a reçu une statue commémorative dans le Pioneer Hall de l’Université internationale de l’espace. “L’histoire de Félicette est une petite partie de cette quête pour comprendre ce que l’espace fait à un organisme vivant”, a souligné Dougherty.